Ça commence comme une flânerie légère
tes pas qui te portent à travers la ville
dessinant un territoire
d’invisibles traces
inventant une topographie
Ça commence par
marquer physiquement
frapper la terre le bitume
arpenter faire le tour presser le dédale de tes plantes de pieds
c’est dans le corps que ça se passe, dans ton corps,
tes pieds
et puis
l’œil
s’approche
capture des formes des couleurs des textures
transmet le message.
Au début c’est léger
et puis
ça descend ça fait le chemin ça s’imprègne
alors
ta main, tes doigts, l’extrémité de ton ongle
en partant du bord
soulève
un peu juste un peu
ça colle ça adhère
tu insistes
tu utilises tout l’ongle
tu grattes
ça attache ça ne veut pas
tu ne lâches pas tu grattes encore
tu ouvres une brèche fine
tu l’écartes
Avec le bout de ton ongle,
ça vient
alors
tu t’y mets tout entier
de tout ton corps
de toute ta force
jusqu’au cou,
tu déchires.
Dessous
autre chose
des taches des résidus des morceaux.
Tu respires un grand coup.
Sur le mur
autre chose
Dans tes mains autre chose
et demain
tu reconstitueras l’île
ton île.
Cati Roman